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Car il TIC encore !

TIC & Droit à la Paresse

Chemins vicinaux de la communication et Internet au stade du miroir

Publié le 27 Juillet 2014 par Claude VIRLOGEUX

Chemins vicinaux de la communication et Internet au stade du miroir

Le papier a encore du bon. La preuve : à faire un peu de ménage dans mes dossiers, je retrouve la version papier d'un article que je pensais depuis longtemps disparu à l'occasion d'un changement d'ordinateur (de la tour au premier portable).

J'ai longtemps cité cet article, rédigé au moment où ARTESI Ile-de-France accompagnait les collectivités locales franciliennes dans le passage du site Internet statique au site interactif, accompagnement nommé « @Netville, le 1281ème commune d'Ile-de-France ».

Coincé dans un dossier de presse d'APRIL, voici ce texte intitulé « Identité et Patrimoine – Territoires numériques et Territoires réels ». Il me semble que sa chute a disparu, mais qu'importe, vous vérifierez s'il est encore d'actualité :

...

La grande surprise provoquée par l'émergence citoyen, ces trois ou quatre dernières années fut, qu'en pleine phase de mondialisation, alors qu'on pouvait croire que tout individu connecté à la toile universelle, allait établir un dialogue avec un homologue à New-York, Sao-Paulo ou Pékin, l'inverse se produisit. C'est vers son territoire, sa zone de chalandise, son bassin de vie, son espace de proximité que l'internaute porta son attention.

Les exemples sont nombreux de cette réappropriation de cet espace de proximité : les pages personnelles d'abord où l'internaute parle de lui-même, des ses centres d'intérêt donc de son environnement immédiat, le développement progressif (mais loin d'être achevé) des sites, puis des portails des villes et des villages, des collectivités locales et territoriales, le développement des espaces public d'accès au numérique et leur mise à disposition à la numérisation des patrimoines locaux.

Au début de la mise en place des réseaux numériques, nombreux étaient ceux qui faisaient référence à la métaphore des « Autoroutes de l'information ». Bientôt, cette métaphore s'est diluée dans le projet des vastes réseaux satellitaires (Iridium – mondialisation?), dans la déréglementation (mondialisation toujours), puis dans la technologie (nouveaux outils, nouveaux réseaux, technologies alternatives...).

Les chemins vicinaux de l'information et de la communication ?

La métaphore n'est éculée que pour ceux, encore trop nombreux, qui privilégient les infrastructurs aux contenus. Partant du principe que la question des infrastructures est technologiquement réglée à défaut de l'être économiquement (et ce d'autant plus rapidement qu'apparaissent sur le marché des alternatives à la paire de cuivre – ADSL, courant porteur, Wifi, les routes nationales, les routes départementales... peuvent être squizzées pour en arriver directement aux « chemins vicinaux de la communication ».

Question : Pourquoi un chemin de terre battue a-t-il pu être progressivement empierré, ombragé, bitumé, aménagée (avec des bancs par exemple) et aujourd'hui « touristisé » (cartels, fléchages....) ? Pourquoi, sinon pour satisfaire aux besoins des populations locales, pour leur confort, leur plaisir, leur culture.

Au stade de la préhistoire de la société numérique où nous sommes, les chemins sont progressivement tracés et, si le citoyen (électeur, client, consommateur....) a accès (pour ses vacances, par exemple, au monde entier grâce à la toile mondiale), c'est néanmoins vers ce qui est le plus proche de lui qu'il tourne naturellement ses regards.

Aucun médium ne peut exister sans contenus, ni lecteurs. Internet n'échappe pas à la règle. En privilégiant les usages locaux, l'internaute favorise la trilogie : - numérisation de la société, site local, accès public à Internet.

Ce n'est pas la question du « dernier kilomètre » qui constitue les « chemins vicinaux de la communication » mais bien cette trilogie qui doit conduire les territoriaux qui en instruisent les dossiers, les élus qui votent les investissements, les citoyens qui les utilisent, à en étudier les retours sur investissements « matériels et immatériels » comme ils l'ont fait pour le chemin aménagé, le stade, la salle de sport, la piscine....et il n'est pas sur que ce ROI soit au désavantage de la numérisation des territoires.

Le site Internet communal « au stade du miroir »

Loin de négliger la question de la numérisation des contenus et celle de l'accès (résidentiel ou public), nous nous intéressons au site de territoire (village, ville, interco, pays, département, région) comme intégrateur (vrai ou rêvé) d'une politique numérique globale de ces territoires.

Les technologies et les outils ont permis la virtualisation des territoires pour tendre progressivement (cette stratégie est toujours en cours) vers la création d'un calque numérique capable de représenter le territoire, ses réseaux, les interactions entre ses composants...

Dès leurs créations, il y a quatre ou cinq ans, les sites de territoires ont fonctionné comme des miroirs.

Fascinés par la fonction d'exposition mondiale du médium, les observateurs ont inventé le concept de « site vitrine » - je (la collectivité, les élus, les territoriaux, les citoyens) me donne à voir au monde. Ce concept a une relative validité, mais la majorité de ces « je » n'ont pas perçu la fonction « miroir » de ces sites : « je me regarde » ou « je me regarde entrain de me montrer au monde ».

Cette fonction « miroir » n'est pas neutre, elle se traduit dans des comportements qui peuvent avoir des effets sur le long terme :

le narcissisme : le comportement directement lié aux sites « vitrines ». Quelque soient les contenus mis en ligne, le site satisfait le plaisir d'être présent sur la toile « Miroir, mon beau miroir, dis moi que je suis le plus beau ».

l'impérialisme : toutes les ressources technologiques sont mises en œuvre, la technologie procure le plaisir. L'objectif est d'être meilleur que son voisin (proche ou lointain) au risque de la question « Miroir, mon beau miroir, est ce que je suis toujours le plus beau ? » et de rentrer dans une course sans fin au profit de la technologie, au détriment des contenus.

le soin (ou le maquillage vu comme un acte positif de mise en valeur) « Miroir, mon beau miroir, comment fait pour être plus beau ? ». S'interroger sur soi même n'est-il pas le début de la sagesse.

la communication enfin pour le meilleur bien sur (cf « Alice à travers le miroir ».

....

Il manque manifestement à ce texte un feuillet où je devais tracer quelques perspectives à l'Intenet territorial. Peut-être vaut-il mieux qu'il est définitivement disparu. Je ne pouvais, à l'époque, qu'avoir une vision prospective restreinte....l'XML, la curation, les réseaux sociaux.... n'existaient pas encore. S'ils avaient été, ma vision prospective aurait sans doute été fort différente. Mais, sur le constat, je persiste et je signe.

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